8/10Deus Ex : Human revolution - Test

/ Critique - écrit par Nicolas, le 05/09/2011
Notre verdict : 8/10 - La révolution porte son nom (Fiche technique)

Tags : deus revolution human adam test xbox video

Récemment, j'ai terminé Duke Nukem Forever en me disant que malgré tous ses défauts, il ne représentait pas si mal le monde du FPS tel qu'on le connait aujourd'hui. Bien sûr, beaucoup de pixels sont morts sur les écrans de ceux qui ont connu les origines du genre, beaucoup de voies ont été explorées et ont apporté ici et là de nouvelles façons d'appréhender le saint "doom like" pour le transcender, en usant de moyens techniques démesurées, de scripts - que sais-je encore ? -, Deus Ex : Human revolution - Test
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mais finalement on en revient toujours à peu près à la même chose. Et pourtant, au début des années 2000, un dénommé Warren Spector (si si, vous le connaissez, renseignez-vous) avait déjà démontré que le genre n'était pas si fermé que ça, et qu'il pouvait se conjuguer avec d'autres types de jeu pour le plus grand bonheur vidéo-ludique.

Ainsi, Warren créa Deus Ex (2002), et il vit que c'était bon. En fait, tout le monde vit que c'était bon, et la presse déversa sur le monde un flot de propos mélioratifs qui noya les plus sceptiques d'entre nous, propulsant le jeu au sommet de la pyramide des meilleurs jeux de tous les temps. La recette, je vous la donne, peut-être qu'elle vous fera gagner de l'argent dans le futur : combiner scénario, tir à la première personne et jeu de rôle, tout en laissant une certaine part de liberté au joueur. Mais il s'agit après de bien évaluer les proportions, sous peine de se retrouver avec un Invisible War (2004) infiniment moins réussi. Liberté réduite, aspect RPG amoindri, niveaux étriqués et assez mal pensés, cette suite ressemble à une version light que l'on pourrait retrouver à l'éventuel rayon diététique de votre magasin de jeux vidéo. En tout cas, pour la franchise Deux Ex, c'est une douche froide.

Il lui faudra sept ans pour se réchauffer. Ou plus exactement, trois ans pour se sécher et quatre pour retrouver une température normale. Annoncé en 2007, le studio Eido Montréal promet monts et merveilles, ce qui peut tenir en une phrase : "on va pas vous resservir de l'Invisible War, s'il vous plait, croyez-nous !". Et à la place d'une nouvelle guerre invisible, ce qui nous aurait déplu et nous aurait forcé à voyager jusqu'à Montréal pour uriner sur les locaux d'Eidos (ça valait le coup), nous voilà avec une révolution humaine. Qu'est-ce qu'on fait les gars, on se remplit la vessie, ou l'on trinque à la santé de la renaissance d'un mythe ? Faut lire l'article pour savoir ?

En tenue d'Adam

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Nous voilà en 2027 dans la tenue d'Adam Jensen (prononcez à l'anglaise), le chef de la sécurité de Sarif Indutries. La "boutique" loue les mérites des implants et ajouts cybernétiques, tandis que des groupuscules dénoncent cette déshumanisation et n'hésitent guère à fomenter des plans terroristes. Cela ne tombe pas si mal, car Adam n'est pas du genre à garder le revolver dans l'étui. Une attaque organisée de mercenaires sur le siège de l'entreprise Sarif l'oblige d'ailleurs à faire parler la poudre, mais l'argument n'est guère convainquant. Adam est laissé pour mort, et Sarif n'a d'autres choix que de "reconstruire" son employé avec le tout dernier cri issu de ses laboratoires. Jensen devient "augmenté".

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Ici commence l'existence d'Adam en tant que mi-homme, mi-machine, et par la même occasion, la vôtre. Les implants généreusement offerts par Sarif Industries donnent au personnage de réelles capacités surhumaines qu'il faudra débloquer au fur et à mesure par un système de points d'expérience qui ne laissent que peu de marge d'erreur : trop se disperser dans l'amélioration du personnage débouchera forcément sur un résultat moyen et des difficultés à progresser efficacement. A vous désormais de façonner Jensen selon votre style de jeu : opterez-vous pour le pirate informatique, l'agent furtif, le soldat de premier plan, ou l'athlète accompli ? Dans les premiers instants du jeu, tout fait plus ou moins envie : voir à travers les murs, courir comme un taré ou sauter à plus de trois mètres de hauteur ne sont que quelques exemples des prouesses que pourra réaliser Adam.

Et c'est ce système d'amélioration qui met en valeur toute la précision apportée au level design du jeu, absolument hallucinant. La plupart des FPS ne propose qu'une progression en couloir jalonnée par des scripts avec parfois - rarement, presque jamais - une solution alternative pour contourner tel ou tel obstacle. Dans Human Revolution, le nombre de possibilités pour arriver à ses fins est tellement énorme, toutes proportions gardées, que l'on se demande de temps en temps si l'on ne vient pas de réaliser une action non prévue par les développeurs. Il y a évidemment le champs des possibles - convaincre par l'argumentation, passer par en haut, passer par en bas, passer au milieu en tabassant ou tuant tout ce qui bouge -, mais l'on se surprendra à imaginer des moyens d'avancement plus originaux, comme par exemple empiler des caisses et des cartons pour se cacher d'une caméra de surveillance automatique pendant que l'on pirate un terminal.

Croquer la pomme

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L'aspect RPG ne se limite pas à la collecte de points d'expérience et à l'amélioration de son personnage, non. Il y a toute une composante de gestion et de choix qui influent sur le déroulement de l'aventure et de son scénario. Human Revolution peut déjà se vanter d'afficher une quête principale très intéressante et assez longue, dont la durée de vie est multipliée par l'exploration induite par le level design ; mais il dispose également de nombreuses quêtes secondaires qui sont loin d'être jetées sous les pas du personnage. Ces missions, généralement bien construites, peuvent tout à fait influer sur la trame centrale en vous faisant directement intervenir dans des espaces et avec des personnages importants du scénario. Vos objectifs sont gérées par un carnet que l'on peut paramétrer (activer / désactiver telle ou telle quête) et une sorte de boussole visuelle vous indique la direction globale à suivre. Encore une fois, le level design est mis à contribution en proposant de nombreuses façons d'arriver à la conclusion, ne serait-ce que par la multitude de façons de rejoindre le petit point clignotant. On se croirait presque dans un bac à sable type GTA !

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Deus Ex
a beau ressembler à un jeu FPS, ce n'est pas pour autant qu'Adam pourra trimballer n'importe quoi et en n'importe quelle quantité. A la manière d'un Diablo, il n'aura qu'un certain nombre de cases d'inventaire à sa disposition, et chaque objet en prendra une certain nombre. Le jeu est assez intelligent pour ranger tout seul comme un grand, mais il faudra de toute façon faire des choix à de nombreuses reprises, à moins d'acheter les améliorations permettant de disposer de plus d'espace. De la même manière, pirater un terminal ou une interface de sécurité fera l'objet d'un mini-jeu que l'on retrouve fréquemment dans les FPS, mais qui a été suffisamment bien articulé ici pour refléter la qualité globale du jeu. Il faudra faire preuve d'observation, de stratégie, et de rapidité sous peine de se faire virer par les protocoles de sécurité - même après avoir piraté une cinquantaine d'interfaces, on en redemande encore !

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Après tout ça, nous retrouvons tout de même la problématique binaire de nombreux jeux : furtif ou vindicatif ? Il y a un certain nombre de choses à savoir avant de faire un choix : la première, c'est que le nombre d'actions dont dispose Adam pour se faufiler n'est guère impressionnant, on pourra tout juste se plaquer contre un mur et passer rapidement à un autre par pression de touche. La seconde, c'est que vos adversaires sont fragiles, mais vous aussi. Un tir à la tête bien ajusté aura tôt fait de perturber votre panel d'implants et votre existence dans sa globalité. Il vaut donc mieux éviter le surnombre si l'on veut éviter la frustration de la défaite. La troisième, c'est que vos ennemis ne sont pas très intelligents. Ils ne sont pas organisés, ne fouillent pas méthodiquement en cas d'alerte, et ne semble pas se réveiller même après plusieurs heures de sommeil.

A vos souhaits

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Une chose certaine, c'est que le moteur de ce troisième Deus Ex ne casse pas des briques loin de là. Il n'est pas spécialement horrible, mais il est légèrement en retrait par rapport aux ténors de la production actuelle. Il n'y a qu'à voir l'affreuse coupe de cheveux mal texturées que supportent les nombreux PNJ du jeu. Le mauvais dans tout ça, c'est que Human revolution réclame tout de même une solide configuration (prévoyez un cran au dessus de la recommandée) qui ne suffira pas à éliminer tous les problèmes techniques que l'on pourra rencontrer sur PC. On fermera les yeux sur un framerate parfois hésitants, un ou deux plantages (très rares, heureusement), et des temps de chargement un peu longs. A l'inverse, la direction artistique est irréprochable dans ses choix et fait constamment penser à l'univers de Blade Runner et aux canons du cyberpunk en général. On apprécie la balade urbaine dans cet univers gigantesque, glauque, terriblement proche du notre, tout en regrettant que la population soit si statique - la perfection est encore loin, nous devenons de plus en plus exigeant.

Le jeu est entièrement doublée en français, et l'on saluera le soin apporté à cette traduction malgré quelques répliques moins réussies que les autres (sans compter la synchro labiale à la masse, tout du moins en version française). Il est dommage de constater que l'interprète d'Adam manque de conviction dans certains dialogues, ce qui enlève un peu de charisme au personnage. La bande son se veut discrète, bien dans l'esprit cyberpunk, et donc assez agréable à découvrir. La musique d'entrée du soft met dans l'ambiance dès les premières secondes.

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Une sortie multiplateforme induit de prendre en compte l'ensemble de la population de joueurs. En tant que joueurs PC, on a tendance à se demander comment peuvent se débrouiller efficacement les adeptes de la manette avec autant de touches à maîtriser, et l'on émet un soupir de soulagement en appréciant le confort de notre bon vieux clavier. Néanmoins, les joueurs s'attendant à retrouver l'ensemble des sensations du premier Deus Ex ne vont pas sauter de joie en apprenant que la tendance vidéo-ludique actuelle, popularisée par le jeu console, a touché Human Revolution en plein cœur. Ainsi, des actions contextuelles permettent de se débarrasser d'un adversaire via un passage à la troisième personne brisant un peu le rythme de l'action, tandis qu'Adam retrouvera toute sa vie en poireautant quelques instants derrière un pan de mur. Ce qui induit une difficulté un peu amoindrie et moins de pression sur le joueur.

Conclusion

Deus Ex retrouve ses majuscules avec ce titre tournant constamment autour du joueur. Liberté en est le maître mot, puisque ce dernier pourra explorer un level design particulièrement réussi rempli de solutions annexes et de possibilités. Le personnage principal, au-delà de son charisme visuel, se révèle très agréable à incarner grâce aux multiples prothèses greffées sur son corps, qui lui fourniront d'étonnantes aptitudes renforçant une nouvelle fois toute la précision apportée au gameplay. En dépit de quelques problèmes techniques, le jeu est certainement le must-have de cette fin d'été, toutes plateformes confondues.

Les Plus Les moins

+ level design très réussi
+ Une très bonne liberté d'action
+ l'univers et l'ambiance
+ L'interface au poil
+ la durée de vie, conséquente

- le moteur graphique n'est pas de première jeunesse
- les temps de chargement
- l'intelligence artificielle, assez stupide

 

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