Dona Morano contre les moulins à vent

/ Article - écrit par Mandark, le 07/12/2009

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Nadine Morano, décidément jamais la dernière pour partir en croisade au nom de « la cause juste », a profité d’un récent passage au micro de RMC, le 26 novembre dernier dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin, pour réitérer sa volonté de faire haro sur le jeu vidéo. Si l’on en croit ses propos, les jeux vidéos « violents » seraient « trop accessibles aux jeunes », les jeux vidéo en général favoriseraient chez eux « la violence et l’addiction » et la signalétique du SELL (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs) serait « mal connue et peu visible », aussi a-t-elle créé une commission d’experts (psychologues et journalistes, mais personne de la profession) pour étudier la question et revoir cette signalétique, quitte à inscrire en gros sur les jaquettes « attention, jeu violent ! » car beaucoup de parents seraient « en pleine détresse » (sic !). Haaaaa, qu’il a bon dos « le jeune ».

On se demande quand même ce qui trotte dans la tête de la secrétaire d’état chargée de la famille et de la solidarité quand on sait que, non seulement la signalétique en question est difficile à ignorer, mais qu’en plus cette réglementation, la norme PEGI (Pan European Game Information) a été adoptée par 16 états membres de l’union européenne et est considérée par la commission européenne comme « un modèle d’harmonisation européenne en matière de protection des mineurs ». Du coup le SELL « s’étonne des prises de position de la ministre qui vont à l’encontre de la tendance européenne, de l’absence totale de concertation avec les professionnels du secteur, et surtout de la stigmatisation excessive de toute une industrie », et s’inquiète de « l’élaboration d’une nouvelle signalétique (qui) risquerait de bouleverser les consommateurs qui sont habitués aux normes PEGI et surtout de heurter l’harmonisation du système de classification européen ».  

Force est quand même de constater qu’à chacune des sorties de Nadine Morano, de certains membres d’âge canonique du sénat ou de l’association « familles de France » sur la question des jeux il apparait que, premièrement ces gens là ne savent visiblement pas de quoi ils parlent et n’ont vraisemblablement jamais pris la peine de prendre trente secondes une manette en main (que l’on se souvienne par exemple de la « polémique » concernant le jeu Rule of Rose, où on pouvait, toujours d’après ces esprits « éclairés » (illuminés ?), « violer et tuer des petites filles », ce qui n’était bien évidemment pas le cas mais en disait long sur le temps qu’ils avaient passé à s’essayer au titre, avant bien sûr de réclamer une interdiction pure et simple des jeux dits « adultes » sur notre beau territoire, interdiction de nouveau souhaitée aujourd’hui par madame Morano), et que deuxièmement ils fassent systématiquement semblant de ne pas entendre quand on leur dit que les consoles et PC d’aujourd’hui sont tous équipés d’un système de contrôle parental restreignant l’accès aux titres adultes, et oublient dans la foulée que pour se procurer les titres en questions ce sont généralement les parents qui passent à la caisse pour leurs minots, et sont donc à même de savoir ce pour quoi ils dépensent 70€. Parce que des gamins de 6 à 11 ans qui se pointent seuls en magasin avec la somme pour acheter le dernier GTA, y’en a pas des masses (sans oublier que même quand ça arrive, les vendeurs refusent de leur vendre le titre sous peine d’avoir de vrais problèmes avec les parents et la justice). Ou alors ça veut dire qu’on ne leur fait pas confiance (aux parents), et que là aussi il faut agir et décider à leur place pour « le bien de l’équilibre des générations futures » (re-sic !). Par contre regarder en boucle de la télé réalité sur les chaînes câblées en se gavant de pubs racoleuses et débilitantes, ça, ça doit être bon pour les neurones…

Alors s’agit-il de stigmatiser une industrie qui fait peur à certains parce qu’ils n’y comprennent rien ou de se trouver des boucs émissaires pour rassurer (électoralement ou par souci d’ordre moral) les esprits bien pensants ? Ce qui en tout cas en dit long  sur la question ce sont les refus répétés de Nadine Morano de rencontrer les dirigeants du SELL malgré leurs demandes répétées. C’est bien pratique après tout, car comme on le sait, les absents ont toujours tort…