7/10Puddle - Test Wii U

/ Critique - écrit par Islara, le 30/01/2013
Notre verdict : 7/10 - La physique des fluides en jeu vidéo (Fiche technique)

Tags : puddle nintendo wii jeux test console niveaux

« Puddle » en anglais, ça signifie « flaque », et si on le prend comme un verbe, « patauger ». Autant dire que ce n’est pas très évocateur mais, en réalité, ce titre correspond totalement à ce jeu ultra-bizarroïde comme on les aime sur Krinein. 

Hors du commun : les sciences à l’honneur 

Puddle - Test Wii U
DR.Réédité sur Wii U après sa sortie sur Xbla et PSN en janvier 2012, Puddle consiste à faire évoluer un peu de fluide, en faisant pencher le monde à droite ou à gauche, dans des environnements aussi divers que variés, pour amener ledit fluide vers une sortie, et ce le plus rapidement possible et en perdant un minimum de molécules. On emploie le mot générique "fluide" car cela peut être aussi bien de l’eau, que du pétrole, de la nitroglycérine ou du technétium (élément chimique de très faible masse utilisé en médecine). Vous noterez que ce sont huit étudiants de l’ENJMIN qui l’ont créé et qu'ils ont remporté avec Puddle le prix de l’Independant Game Festival en 2010. Comme quoi, les étudiant(e)s sont souvent les plus créatifs, ce n’est pas la première fois qu’on le dit

Rien de transcendant jusque-là, sauf que bien sûr des obstacles vont nous barrer la route - plus précisément les tuyaux - et exiger du joueur de la dextérité, des réflexes et de l’anticipation. En revanche, contrairement à ce que vous pourrez lire de-ci de-là, aucune réflexion n’est de mise, en tout cas pas plus que dans un classique jeu de plate-forme où, de temps en temps, on s’arrête quelques secondes pour se demander : "Euh, comment je fais là ?". Le jeu donne même d’avance les astuces. Ne vous attendez donc pas trop à faire bouillir vos neurones. 

Puddle - Test Wii U
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Ce qui est très plaisant dans ce concept aussi original que jamais vu, c’est sa variété : les créateurs ont véritablement travaillé le concept et l’ont poussé loin dans ses potentialités. Ainsi, vu que les fluides sont très divers, leurs propriétés spécifiques exigeront des manipulations différentes du joueur (je vous laisse imaginer ce que ça donne avec la nitroglycérine). Vu que les obstacles seront également de caractéristiques distinctes, la stratégie à adopter sera nouvelle à chaque fois et maintiendra un intérêt sans faille : appuyer sur des boutons, balancer un marteau, faire pousser une fleur, provoquer une explosion, éviter un reflux gastrique en se mettant dans un coin, voler au-dessus d'une scie, utiliser une soufflerie, évoluer en apesanteur... 

L’environnement est, en outre, merveilleusement séduisant. Se retrouver immergé(e) dans la physique des fluides à chaque tableau, via des graphismes scientifiques de haute qualité et des sonorités très travaillées, avec même un graphique en abscisse/ordonnées pour lire son score (ordonnées pour le temps - abscisse pour les molécules restantes), et les symboles chimiques gravés sur les médailles, c’est tout simplement excellent ! L’atmosphère unique, et jamais vue là non plus, qui en découle envoûte le joueur rapidement, sauf s’il est allergique aux sciences, bien sûr. 

Puddle - Test Wii U
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Enfin, on ne peut que saluer le portage sur la Wii U car, s’il y a bien un jeu fait pour le gyroscope de la mablette, c’est celui-là, et c'est bien plus immersif et agréable qu’avec des boutons. La transmission du mouvement ne présente en outre aucun défaut et la Wii U confirme une fois de plus sa puissance graphique. À noter qu’il faut cependant mieux jouer sur son écran de télévision, car l’univers ne penche que d’un certain nombre de degrés. L’écran tenu en main pourrait donc s’avérer trompeur si on ne jouait qu’avec lui car il donne l'impression de pouvoir pencher le monde beaucoup plus.. 

Alors qu’est-ce qui cloche dans Puddle ? 

Une difficulté bien mal maîtrisée

Au tout début, ce n’est pas la panacée. En effet, la prise en main n’est pas très naturelle, que ce soit sur les trajectoires à prendre, l’écoulement du fluide ou sa rapidité. À de nombreuses reprises, on est désorienté. Ainsi, l’eau, qui est le premier fluide que l’on doit maîtriser, est d’une lenteur très surprenante, ce qui provoque une confusion dans la maîtrise. De ce fait, au début, au lieu d’être happé par le jeu, on est un peu rebuté ce qui est très dommage, surtout pour un jeu OVNI qui, au contraire, doit en principe se dépêcher de convaincre. Dès le monde 2, fort heureusement, on est conquis(e) par l’univers et la variété et l’intérêt cités plus haut ; alors on laisse sa chance au jeu, on finit par s'habituer à son maniement et l’envie, voire l’addiction, s’éveillent. 

Puddle - Test Wii U
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Cependant, plus tard, le jeu chute à nouveau : sans que l’on s’y attende, certains niveaux deviennent soudain extrêmement difficiles, voire infaisables, surtout les niveaux finaux de chaque monde. Ils requièrent beaucoup de patience, de dextérité, sans que l’on ait vraiment pu s’y préparer. Il faut alors, faire et refaire le niveau, presque l’apprendre par cœur, pour finir par y arriver, ce qui s’avère très déplaisant. 

Le niveau 6 du monde 4 est le plus abominable. Il atteint un tel degré d’infaisabilité que l’on est contraint(e) de passer en commande boutons pour essayer d’y arriver, ce qui aide un peu mais pas beaucoup plus. Fort heureusement, Puddle dispose de quatre jokers permettant de passer un niveau. Il faudra d’ailleurs utiliser ces jokers avec modération. Le défaut est donc atténué, mais le sentiment de frustration n’en est pas moins présent pour autant. De plus, par la suite, tout aussi bizarrement, les niveaux peuvent être d'une étonnante facilité. Galérer, ça fait partie de tout bon jeu vidéo, mais encore faut-il que ce soit progressif et bien amené et non pas erratique. 

Dernier point : Puddle n’offre pas une très grande durée de vie. Il faut Puddle - Test Wii U
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compter une dizaine d’heures pour venir à bout des 48 niveaux et du niveau bonus, et ajouter une ou deux heures de plus si l'on veut s'attaquer aux défis, ou améliorer ses scores et, par suite, sa place dans le classement mondial. C'est peu.

Dans l’ensemble, malgré ces petits loupés, on ne peut que saluer cette œuvre très originale et créative, si bien travaillée tant techniquement que sur le fond. Une fois de plus, bravo l’ENJMIN.

 

Crédits : liste des huit mondes de Puddle (six niveaux par monde)

Canalisation
Pépinière
Laboratoire
Corps humain
Egoûts
Fusée
Fonderie
Centrale nucléaire
Niveau bonus : Pixels

Noms des étudiants créateurs

Rémi Gillig
Antoine Guerchais
Hoël Jacq
Pierre Lemasson
Arnaud Noble
Victor Parent 
Martial Potron
Aymeric Schwartz