7/10Dark Water - 2002

/ Critique - écrit par Selena, le 15/03/2003
Notre verdict : 7/10 - glou glou glou (Fiche technique)

Tags : film dark water nakata hideo fantastique films

Dans la culture japonaise, l'eau symbolise le malheur, la mort. Elle attire, fascine et terrifie... si ce n'était pas encore votre cas, cela pourrait bien le devenir...

A l'origine, Dark Water est adapté de la nouvelle L'Eau flottante de Kôji Suzuki, (écrivain comparable à Stephen King) déjà auteur du roman Ring qui avait aussi inspiré Hideo Nakata. Dans la lignée de Ring, Nakata réalise un film à ambiance qui suggère plus l'angoisse que ne l'expose par des explosions d'effets spéciaux et d'effusions de sang.
Mais, à l'inverse de Ring dérivé du "slasher movie" et du kwaiden eiga (film de fantômes), Dark Water est un film plus intimiste, plus complexe et plonge le spectateur dans une introspection singulière et troublante.
Selon son producteur Takashige Ichinose, ce « n'est pas un simple film d'épouvante. C'est autant un drame intimiste qu'une chronique désabusée rendant compte d'une certaine réalité de la société japonaise. »

Le film nous introduit dans le quotidien d'une mère divorcée (Yoshimi Matsubara) et de sa fillette de 5 ans (Ikuko), qui viennent d'emménager dans un appartement d'un immeuble lugubre, suintant et vétuste.
La mère psychologiquement fragile lutte pour trouver un travail, conserver la garde de sa fille, et être une "bonne mère". Des phénomènes étranges se produisent : une tache humide au plafond (qui rythme goutte à goutte la plongée en eaux troubles de la vie et de l'esprit de Yoshimi), puis des apparitions (réelles ou imaginaires ?) comme celle d'un sac rouge farceur mais stressant.

Hideo Nakata met en scène une horreur au quotidien ou l'horreur anodine du quotidien par des évènements et des objets d'apparence banale. Son habileté tient à emballer notre imaginaire à partir de riens. Le spectateur éprouve de la peur à partir d'éléments connus ou prévisibles. En effet, Nakata ne nous réserve pas vraiment de véritables surprises, il joue de nos attentes. « J'aime les peurs lancinantes, s'énonçant sur la durée » dit-il. Ce qui est dommage c'est que parfois, on attend tellement le dénouement prévisible que ça en devient agaçant. Si en plus, la musique devient trop suggestive et franchement désagréable, et que les effets sont trop appuyés, ça devient même insupportable. En outre, les scènes finales laissent le spectateur dérouté, songeur voire déçu.

En résumé, Dark Water est un film glauque et angoissant (dont l'ambiance oppressante et certaines scénes peuvent faire penser à Shining). Mais, il se révèle aussi réaliste et émouvant, notamment par la relation mère/fille, qui rappelle la propre enfance de parents divorcés du réalisateur, élevé par sa mère. On peut y voir une projection de son enfance avec les thèmes de la filiation et de l'abandon, ou comment des fantômes du passé et de l'enfance ressurgissent pour venir hanter le présent des adultes, toujours en proie avec leurs craintes et angoisses d'enfant.