9.5/10Red Dead Redemption - Test

/ Critique - écrit par Mandark, le 06/06/2010
Notre verdict : 9.5/10 - Wanted! (Fiche technique)

Tags : dead redemption red test rockstar jeux xbox

Caramba, quel pied! On attendait beaucoup du dernier bébé de Rockstar mais là ils ont fait très très fort! C'est bien simple, on ne joue pas John Marston, on est John Marston! Du bon, du lourd, du splendide. Bref, total western!

Personne n'est parfait!

Et surtout pas John Marston. Il y a quelques années ce gringo faisait partie d'une des pire bande d'outlaws ayant jamais mis à sac le jeune territoire d'Amérique. Mais laissé pour mort après une embrouille avec ses anciens acolytes il avait soudain prit conscience que tout ça, risquer sa peau pour braquer des banques, avoir sa trombine mise à prix pour une poignée de billets après une altercation dans un bar, ça n'en valait pas la peine.

Alors il s'est rangé des voitures. Il a pris femme et ensemble ils ont eu un fils. Bref une petite famille américaine qui trouve son bonheur dans la culture de son champ et le bénéfice des produits de sa ferme.

John Marston reprend du service
John Marston reprend du service
Mais le rêve américain ne dure pas pour les types comme John Marston. Leur passé et leurs fautes les rattrapent inévitablement. En cette année 1911 où la civilisation moderne se fait de plus en plus présente et où le pouvoir du gouvernement fédéral prend de plus en plus d'assise, il n'y a plus de place pour les coyotes qui imposaient leur loi en faisant parler la poudre. Mais avant de disparaître dans l'histoire Marston peut encore servir, même contre son gré. Alors le gouvernement fait enlever sa femme et son fils et il ne les reverra qu'à la condition de retrouver et de capturer (ou de liquider) ses anciens frères de gang.

Le voilà donc fraichement débarqué à New Austin, un état encore sauvage qui rappelle furieusement le Texas, lâché aux trousses de ses anciens compadres, et prêt à faire de Red Dead Redemption LA référence absolue en termes de jeu « open world ».

Il aura fallu aux équipes de Rockstar plus de 4 ans de travail pour livrer enfin leur nouveau bébé aux joueurs du monde entier. Oui, 4 ans, car pour ceux qui objecteront que GTA IV est sorti il y a seulement 2 petites années il faut savoir que c'est ce dernier qui a été réalisé sur l'architecture du moteur de Red Dead Redemption, et non l'inverse. Le western vidéo ludique des boys de Rockstar est donc soigné, peaufiné, affuté depuis tout ce temps, et le moins que l'on puisse dire c'est que ça se voit immédiatement!

L'ouest, le vrai

L'esthétique est à tomber par terre!
L'esthétique est à tomber par terre!
Dès les premières secondes « mains libres » c'est quand même la méchante claque. Certes on savait déjà que le jeu poutrait bien visuellement, mais comme dit Pierre Mortez « il faut le voir chez soi »! Le travail accompli sur le rendu des textures, la gestion de la lumière, les différentes ambiances sonores et l'animation des personnages laisse pantois. C'est bien simple, on a jamais vu aussi beau dans le genre et on se croirait dans un film tant l'ensemble est criant de réalisme, et ce jusque dans les petits détails (la puissance du vent par exemple, qui influe sur la poussière, la végétation ou les vêtements). Et les chevaux! Jamais depuis Agro de Shadow Of The Colossus on avait vu dans un jeu d'équidés aussi crédibles tant au niveau des mouvements que des réactions (forcez un peu trop l'allure de vos canassons et ceux-ci vous enverront valser dans le décor, laissez les seuls pendant un orage et ils paniqueront à chaque éclair).

Bien sûr qui dit monde ouvert par les créateurs de GTA dit similitudes dans le gameplay et on retrouve donc bon nombre de points communs dans les mécanismes de jeu. Ainsi la dynamique générale est basée sur le triptyque missions principales-quêtes annexes-vadrouille et exploration. On peut marquer la carte pour avoir un indicateur de route, déloger un péon de sa monture et s'en emparer, les destinations importantes sont toujours indiquées par un point jaune et les méchants par des points rouges, et le jeu gère le cycle jour/nuit et les changements climatiques. Mais c'est surtout la pertinence et la juste application de ces mécanismes dans le but de rendre crédible ce far west de polygones qui force le respect: dans Red Dead Redemption tout est pensé pour une immersion totale en appliquant quasi à la lettre le petit guide du bon western. L'argent par exemple peut s'obtenir de bien des façons; on peut en gagner en validant une mission principale ou annexe, sur le corps des ennemis abattus, en chassant la faune locale pour faire commerce de peaux, en s'improvisant chasseur de prime (auquel cas on aura le choix de ramener sa proie morte ou vive, et bien sûr la récompense sera plus élevé si on ramène un Coyote en vie) ou en jouant à A storm is coming
A storm is coming
des jeux de hasard ou d'adresse (poker, black jack, lancer de fer à cheval, jeu de la main et du couteau). Et bien sûr tous ces dollars pourront ensuite servir à s'approvisionner en armes, munitions, montures, médicaments et autres provisions dans les magasins des différentes bourgades.

Jeu « open world » oblige, la carte de Red Dead Redemption est incroyablement vaste (3 états, 2 aux USA et 1 au Mexique), ce qui promet de belles heures de ballade à pied ou à cheval. Mais dans le soucis de ne pas forcément passer son temps en errance il est aussi possible de se déplacer autrement et dans certains cas d'aller directement d'un point A à un point B. On pourra donc prendre le train, la diligence, ou marquer sur la carte le lieu où on désire se rendre et allumer ensuite un feu de camp qui donnera accès à plusieurs options, comme la sauvegarde, le plein de munitions et le transport instantané.

Il y a également une foultitude d'interactions possibles avec l'immense environnement du soft: capturer au lasso puis dresser un cheval sauvage, empêcher une attaque de diligence, venir en aide à des gens dans le besoin, jouer les botanistes, participer à des duels, aller au cinéma regarder des cartoons d'époque, savourer un whisky ou une téquila au saloon (voire abuser du tord-boyaux et se bourrer la gueule), et j'en passe et des meilleures.


"It's you or me, mister!"
Côté contrôles du personnage le flingue à la main on retrouve un système de visée par dessus l'épaule (on peut switcher entre épaule droite et épaule gauche à tout moment) et les options de tir offrent l'alternative entre visée semi-automatique ou libre. Et puis il y a le Dead Eye (Sang Froid en V.F), la marque de fabrique des Red Dead. C'est une technique qui permet de ralentir le temps pour acquérir précisément une ou plusieurs zones d'impacts, sur un ennemi ou plus, puis de défourailler d'un coup à la vitesse de l'éclair. C'est un atout que l'on perfectionne au fil du jeu et qui est tout simplement indispensable quand on est confronté à un groupe un peu garni (parce qu'en face ça tire souvent juste et qu'en général on meurt assez rapidement).

Les grandes gueules font l'histoire

Mais Red Dead Redemption ne serait pas aussi prenant sans son histoire en béton et sa mise en scène de haute volée. On ne doutait plus du talent de Rockstar à ce sujet depuis longtemps, mais le résultat surprend toujours quand il est abouti à ce point, d'autant plus qu'au passage les mythes fondateurs de la « grande Amérique » en prennent plein la gueule. Les états-unis sont nés dans le sang et les larmes, le pouvoir militaire mexicain et les révolutionnaires qui le combattaient étaient des crapules de la pire espèce et le gouvernement fédéral était dirigé par des politicards opportunistes, voilà l'ouest que dépeint Red Dead Redemption, avec force « gueules » et répliques mordantes

Le plomb est la principale monnaie du jeu
Le plomb est la principale monnaie du jeu
Et puis il y John Marston! En cette année déjà riche en figures vidéo ludiques classieuses le bonhomme vient sans problème se positionner dans le peloton de tête. Incroyablement charismatique et travaillé, il est à Red Dead Redemption ce que Nico Bellic était à GTA IV, mais en plus impressionnant encore (à noter cependant que comme quasiment tous les bons héros de la série gangsta de Rockstar, il ne sait pas non plus nager).

Marston à certes du sang sur les mains, mais c'est un homme qui a tourné le dos à la violence. Si il doit de nouveau jouer du colt et de la winchester c'est qu'il y est forcé, aussi le joueur pourra décider d'en faire un good ou un bad guy. C'est là que l'on trouve une des très bonnes idées du jeu: les jauges de réputation et d'honneur. On augmente sa réputation en tuant, en faisant certains petits boulots, en terminant des missions, en aidant des étrangers ou encore en remportant des duels et des parties de jeux d'argent. Le niveau de réputation aura ensuite une influence directe sur le jeu, les hommes de loi seront par exemple moins regardants en cas d'infraction, et les gens seront plus enclins à vous demander de l'aide. Pour ce qui est de l'honneur ce sont vos décisions et agissements qui auront un impact ultérieurement, suivant qu'il est positif ou négatif. En cas d'honneur élevé les petits boulots rapporteront plus d'argent et les témoins fermeront High Noon
High Noon
les yeux sur certains de vos crimes, et dans le cas contraire votre tête pourrait bien finir mise à prix, auquel cas et à moins de bénéficier d'une lettre de pardon ou de payer la prime vous même, vous risquez bien de croiser souvent quelques chasseurs prêts à vous ramener à l'état de viande froide au marshall le plus proche.

Red Dead Redemption propose aussi de relever des défis qui une fois terminés donnent accès à un nouveau niveau ou permettent d'obtenir de nouvelles tenues (dont certaines ont des attributs spécifiques).

A la différence de GTA il n'est par contre pas possible d'embarquer d'auto radio sur sa monture. C'est donc une admirable bande originale qui rythme les divers moments du jeu, là aussi parfaitement au diapason de l'ambiance et de la richesse visuelle du soft.

Moi et mon posse

Déjà avec tout ça on a un mode solo des plus conséquents, du type qui vous scotchera 20h au minimum (avec un sacré final en prime), mais Red Dead Redemption a aussi fait couler beaucoup d'encre avec son multi maintes fois présenté comme une des clés-de-voute du jeu.

L'ouest est encore plus sauvage en multi
L'ouest est encore plus sauvage en multi
Et là non plus Rockstar n'a pas renâclé à la peine, proposant aux joueurs connectés de profiter de l'intégralité de la map pour faire équipe, s'affronter, chasser ou juste se promener. Comme pour beaucoup de titres proposant du multi depuis Call Of Duty – Modern Warfare, le online de Red Dead Redemption tire son intérêt de la prise d'XP. Quand on commence, tout frais petit niveau 1, on récupère un avatar pouilleux qui aura droit de se déplacer à dos de mulet! Autant dire que l'on commence vite à shooter tout ce qui passe pour grimper en level et en équipement et ainsi mettre toutes les chances de son côté pour le moment où l'on croiseras d'autres joueurs malades de la gâchette, et il y en a pas mal! Et bien que les serveurs ne permettent qu'un maximum de 15 connections sur une même carte on se rend vite compte qu'il y a énormément à faire en l'état. On peut donc bien sûr se livrer seul aux nombreux défis proposés, comme attaquer un repaire de desperados (et à cette occasion d'autres joueurs peuvent soit choisir de vous prêter mains forte, soit de vous mettre des bâtons dans les roues), mais on peut aussi créer un « posse », une bande de joueurs qui iront nettoyer des zones ou chasser à plusieurs. Un des avantages du posse est de pouvoir garder tous les joueurs d'un groupe réunis en cas de deathmatch, team deathmatch ou en mode « mise à sac » (une variante de la capture de drapeau), car ces épreuves ne sont accessibles qu'à certains lieux bien précis de la carte, ce qui fait que si un des membre du posse se trouve à 10 km de là au moment de l'ouverture d'une session, il est immédiatement transporté dans le feu de l'action. De plus on trouve dans le multi de Red Dead Redemption tout un tas de bonnes idées. Si par exemple l'envie vous prend de déclencher un bain de sang en ville et de truffer de plomb tous les NPC du coin, la prime mise sur votre tête augmentera rapidement. Puis arrivée à un certain montant, vous serez déclaré ennemi public, une annonce sera faite à tous les autres joueurs et ces derniers pourront essayer de vous faire la peau pour récupérer la prime. Vous Ca va chier!
Ca va chier!
pourrez aussi avoir maille à partir avec un joueur à qui votre tête ne revient pas, et qui se fera une joie de vous courser à travers le continent. Bref, il n'y a pas grand chose à redire au online de Red Dead Redemption. Beau, intense et addictif, c'est une vraie réussite qui complète à merveille un mode solo déjà de ouf.

Comment ça? Vous ne l'avez toujours pas acheté?!

Rockstar peut donc se targuer d'avoir livré la perle annoncée depuis des mois, la nouvelle référence des jeux vidéo à monde ouvert. Oh bien sûr si on veut chipoter un brin on dira que le titre affiche un certain nombre de bugs physiques ou de collisions qui jurent parfois un peu, mais l'ensemble est tellement magnifique, profond, intelligent et généreux qu'on n'y fait rapidement plus du tout attention. Et puis franchement, qu'est-ce que valent ces petites maladresses à côté du bonheur de pouvoir assister à un somptueux coucher de soleil du haut d'une falaise, avec des kilomètres de grands espaces à perte de vue, tandis qu'au loin hurle un coyote?