Resonance of Fate - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par knackimax, le 16/04/2010 (Tags : resonance fate systeme test rpg combat jeux
Très bon titre pour cette première équipée entre Tri-Ace et Sega. Rien de revolutionnaire et des graphismes un peu dépassés mais un design fort intéressant pour une réflexion métaphysique très agréable accompagnée d'un système de combat tactique d'excellente facture.
Tri-Ace est le nom de ce studio japonais qui sonne comme une résonance dans notre vie de gamer, tel un diapason qui mit beaucoup d'entre nous d'accord dans la grande guerre de l'esthétisme allié à la scénarisation d'environnements originaux et de situations inédites dans le monde du RPG tactique. Si on se rappelle entre autre de Valkyrie Profile pour ne citer que l'élément le plus flagrant de cette épopée nippone on remarque toutefois une première nouveauté lorsque l'on s'approche de la pochette de ce titre tant attendu. Et oui c'est bel et bien Sega qui édite le soft et non plus Square-Enix comme le voulait la traditionnelle coutume maintenant bien ancrée dans nos petites têtes. Un partenariat que nous nous devions donc de mettre à l'épreuve pour en accréditer les préambules de la naissance, tel ce destin dont l'onde raisonne avec l'infini paysage que nous découvrons à l'instant d'insérer le disque déjà bien aimé car nécessairement emprunt d'une charge historique et émotionnelle ... ou pas.
Pour la petite histoire
vous incarnez un gang de chasseurs de primes qui s'agrandit à une
troisième personne lorsque l'apprenti de Vashyron, un certain
dénommé Zephyr
sauve une jeune suicidaire alors qu'elle se jette
d'un pont. On apprendra alors que Bazel (lieux où nos héros vivent) est une tour mécanique à la surface de
la Terre où l'humanité s'est réfugiée et où tout habitant
possède une date de fin de destinée imprégnée par les grand
rouages de cette machine qui les symbolise et leur permet d'exister.
La jeune enfant ainsi recueillie est censée mourir le jour des ses
20 printemps ; si l'on peut parler de printemps ici haut ; et se retrouve à faire la troisième roue de cet étrange carosse ambulant qui
habite une sorte d'usine désaffectée dont les néons diffusent la
douce chaleur des lettres Sweet Home au mlieu de la grisaille.
Une cinématique vous
introduit dans cet univers sobre et froid ou règne un danger sans
nom présent uniquement par le miracle d'une atmosphère sciemment
alourdie des éléments scénarisés que les premières images nous
proposent. C'est dans ce monde qu'il va falloir faire évoluer vos
trois personnages durant les soixante
prochaines heures et à ce
stade on est loin de s'imaginer ce qui nous attend. D'ailleurs cet
univers steampunk nous ne le comprenons pas mieux au cours des
premières heures de jeu. Les bribes d'informations ne s'additionnent
pas, se confondent avec une réalité un peu trop présente et des
coupes de cheveux légèrement narquoises qui laissent un voile de
soupçon sur l'ensemble de la démarche. Ici pas de classicisme
emprunté de chevalerie, mais plutôt une impression ternie
de l'héroïsme à mi chemin entre Mad max et Devil May Cry. Bref on est perdus. De
plus lorsque le jeu commence nous voilà catapultés dans une
grisaille sournoise qui semble porter son malaise sur tous les
éléments du décor, un décor composé de rouages et d'hexagones,
d'ascenseurs et de stations énergétiques. Puis on se dirige
gentiment vers les didacticiels qui nous permettront de survivre à
autant d'informations disparates en même temps, ce qu'il faudra faire
avant de sortir de la ville d'Ebel pour la première fois si vous
voulez comprendre quelque chose à votre premier combat. Si vous ne
le faites pas l'expérience peut être traumatisante et vous donner
envie de ranger le jeu dans sa boite quasi immédiatement. Et ce pour
une raison assez simple et à laquelle on n'aurait pas pu s'attendre
pour une carte de visite pareille: Les graphismes ne sont pas franchement datés
de notre époque. Et pourtant on y croyait mais non rien à
faire. Le jeu n'est pas moche entendons nous bien et il dispose d'un
design d'une qualité hors de tout soupçon qui met en valeur
l'environnement. De plus les cinématiques sont plutôt agréables et
prennent bien soin des personnages principaux. Mais les vues
d'ensemble du plateau ou encore les animations de combats en
environnements souvent similaires ne font que nous prouver les
failles d'un flou artistique dont les deux composantes s'entremêlent.
Heureusement tout le reste
est d'une rare et parfaite complexion et donne au joueur de quoi
faire pendant ces longues heures dans le désert que représente la
grande horloge. Pour le système de combat il n'y a pas grand chose à
redire même si tout reste à expliquer. Vos trois personnages
peuvent se spécialiser dans divers types de dégâts. Si la
mitraillette fait subir des scratch damage elle ne permettra pas
d'infliger les dégâts létaux (ou directes) mais affaiblira votre victime ; ou ses
différentes protections ; qu'il vous suffira ensuite de faire voler en
éclat avec quelque pistolet ou grenade. Ces explosions de karma vous
donneront des points d'actions héroïques que vous pourrez utiliser
pour faire plus de dégâts, des figures aériennes et rentrer dans
des phases de smash up plus ou moins interactives qui pourront
vous donner l'ascendant
sur certains ennemis. C'est un système de
tour par tour en temps réel dans lequel vos ennemis pourront
également réagir en fonction de leur rapidité entre autre ce qui
ne garanti donc pas le succès de la démarche et laisse planer un
doute très intéressant dans l'utilisation de ces rares moments de
bravoure. Pour chacune de ces actions qui vous fait passer entre vos
deux compagnons de baston, vous obtiendrez des points de resonance
lesquels donnent accès à une tri attaque plus ou moins longue en
fonction du nombre de points mis de côté. Puis viennent les
spécialisations qui rajoutent à l'instance tactique de tous ces gun
fights pour vous donner un panel très large de possibilités.
Si au départ l'ensemble reste assez mou, le level up vous garantit d'intenses moments par la suite donc ne perdez pas courage lors des premières heures surtout. Viennent s'ajouter à ces petites douceurs une customisation des armes très chouette ainsi qu'une possibilité de changer l'apparence de vos personnages du pur style emo suicidaire à la vertigineuse bouffonnerie des accessoires de tous les genre. Il vous sera même possible de changer la couleur de vos yeux et cheveux.
Ensuite vous passerez un
long moment dans le labyrinthe des étages de votre tour de Babel
avec pour mission de rétablir des routes énergétiques entre les
muliples power stations qui se
cumulent aux portes des villes et manoirs. Ces différentes routes
aux couleurs pastel vous permettront d'étendre certaines zones
d'effets entre
autre ce qui au final vous donnera plus de
possibilités de crafting, un autre élément très important dans
vos quêtes de chasseur de prime. On se croirait un peu dans Monster Hunter à ce niveau avec moins d'armes disponibles malheureusement. Si les quêtes annexes sont
relativement plates pour la plupart il n'en reste pas moins que
certaines resteront amusantes à effectuer et vous feront profiter de
l'élément le plus jouissif du titre à savoir les combats. Et une
fois tout ce petit monde maitrisé il sera du coup très intéressant
et plaisant d'associer tous ces éléments pour créer votre équipe
parfaite et choisir vos terrains pour récupérer les xp qui vous
feront atteindre le lvl 100 tant désiré et le combo 500 hit de vos
rêves le tout dans une atmosphère pesante et sibylline. On
regrettera au passage la mièvrerie de la bande son qui répète ses
mouvements avec la problématique d'un métronome peu enclin à
sortir de ses habitudes. Toutefois une fois la tête dedans on ne
s'en rend pas plus compte que cela alors que ceux qui vous
regarderont jouer seront probablement bien saoulés.
Au delà de l'aspect jeu, vous trouverez aussi des perles dans un scénario qui commence pourtant sur un vague trio d'archétypes qu'il vous faudra subir jusqu'au bout puisque les trois personnages restent invariables. Raison de plus pour vous amuser à jouer à la poupée pour varier les plaisirs et vaincre la monotonie. Et pourtant c'est bien grâce à leurs caractéristiques classiques que vos personnages en deviennent attachants et se permettent de partir dans l'auto dérision du genre pour notre plus grand plaisir. L'important dans cette histoire restera quoi qu'il en soit une réflexion métaphysique qui s'étend en filigrane sur une large toile que vous tisserez en suivant un parcours initiatique métaphorique de la condition humaine. Et c'est ainsi avec surprise que vous trouverez du Descartes et du Kant au delà des nuages dans votre tour de métal entourée des éléments géostationnaires d'une imagination mythique et poétique. La patte des auteurs de chez Tri-Ace aura ainsi su être conservée au travers de ces nouvelles aventures qui la lie d'ores et déjà à Sega. Et même si on regrette le manque de finition graphique pour des consoles aussi capables que les nôtres c'est avec une grande joie que l'on attendra que nos doléances soient prises en compte dans un avenir prochain par les grands architectes de ce petit bijou tactique.