Welcome back!

/ Preview - écrit par Mandark, le 24/01/2010

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Premier coup d'oeil sur le dernier volet d'une série qui peinait un brin à se renouveler. Miracle! Silent Hill: Shattered Memories s'annonce bien comme un hit en puissance susceptible de vous mettre autant le trouillomètre à zéro que les premiers épisodes.

Silent Hill.

A la simple évocation du nom de ce patelin perdu au fin fond de l’Amérique profonde le sang de ceux qui s’y sont déjà aventuré se glace généralement d’un coup. A sa sortie en 1999 le premier volet de la série de Konami avait provoqué un petit séisme dans le monde du survival horror jusqu’ici dominé par Resident Evil et son ambiance grand guignolesque. Tout à coup on découvrait qu’il était vraiment concevable de se faire littéralement dessus en s’essayant à « un jeu qui fait peur ». Dans Silent Hill point de pauvres scientifiques zombifiés et autres vers à bois transformés en bosses surdimensionnés à dessouder à grands coups de lance-roquettes, mais une terreur sourde puisant son inspiration dans les tréfonds de nos peurs les plus humaines ; la solitude, la décrépitude, la mort. Et l’amour. Car ce qui fait de Silent Hill, en tout cas en ce qui concerne les 3 premiers volets de la série, un monument de flipette vidéo-ludique c’est tout bonnement que chaque Vous pensiez connaitre le chemin?
Vous pensiez connaitre le chemin?
protagoniste doit se confronter à ses terreurs les plus viscérales et à ses démons les plus intimes pour à la fin affronter rien moins que l’inéluctable vérité de la condition humaine : la mortalité et l’inévitable peur de la perte de ceux qui nous sont chers. Silent Hill, où quand le jeu vidéo se fait l’écho de notre fragilité…forcément dérangeant.

Las, les épisodes qui suivirent ne firent pas l’unanimité. Entre tentatives d’orienter la série vers de nouvelles façons de flipper(Silent Hill 4 : The Room) et reprises un peu trop « scolaires » de la charte graphique instaurée par les épisodes précédents (Silent Hill Origins, Silent Hill: Homecoming) il faut bien avouer que la série commençait à tourner en rond et pire encore ne parvenait plus à nous déranger comme à ses débuts malgré la présence toujours rassurante de Yamaoka Akira aux postes de producteur et responsable de la bande originale.

Aussi quand tomba l’annonce d’un nouvel opus laissé aux bons soins du studio Climax, responsable de Silent Hill Origins, tous les fans ont commencé à faire la moue. A tord, comme nous avons pu le constater en nous essayant à une version quasi finalisée de ce dernier volet à paraitre chez nous début mars sur Wii, PS2 et PSP.

Face à face avec soi-même
Face à face avec soi-même
En parcourant les ruelles de ce nouveau Silent Hill, impossible de ne pas penser que les développeurs de chez Climax ne se sont pas imposé de faire table rase du passé et de prendre le risque de réécrire la mythologie instaurée par la Team Silent. Pour faire une analogie un peu grossière, c’est un peu comme si une histoire écrite par Clive Barker nous était ensuite racontée par Stephen King. La base reste la même, mais tout le reste est différent. L’important étant que la peur viscérale, elle, est bien là !

Ainsi on se rend vite compte que ce qui nous avait été présenté comme un remake du premier Silent Hill se révèle en fait être un véritable reboot, ne reprenant que les grandes lignes de la trame originelle pour mieux orienter le titre vers une nouvelle forme de terreur intérieure, et force est de constater que ce choix est excellent tant les parti-pris de Climax font mouche.


"Where is my daughter!?"
Exit donc la petite ville noyée par le brouillard, c’est pendant une énorme tempête de neige qu’un Harry Mason bien différent de la version playstation va se lancer à la recherche de sa petite fille, Cheryl, au cœur d’un environnement qui ne ressemble en rien à celui que nous connaissions. Car bien que l’on retrouve un grand nombre des lieux emblématiques de la bourgade, comme le lycée de Midwich High ou l’hôpital Brookhaven, ces derniers ont été totalement réinventés tant au niveau de l’apparence qu’au niveau de l’architecture. Et quand la réalité s’altère pour laisser place à une ville cauchemardesque ce n’est plus pour qu’émerge un monde de ténèbres rouillé et décrépi mais un univers gelé et déformé autrement angoissant. Autre bouleversement de taille, il n’est plus ici possible de se défendre face au danger. On ne peut en effet que fuir ou se cacher temporairement pour échapper aux horreurs qui peuplent cette dimension parallèle. En l’état cet audacieux choix de gameplay, qui rappelle forcément la construction du mauvais rêve dans ce qu’il a de plus primaire (on ne peut que courir pour échapper au croquemitaine, et chaque porte passée est susceptible de nous confronter à nouveau à sa présence), est renforcé par un judicieux gimmick , la possibilité de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule à tout moment, jouant en cela astucieusement sur le désir malsain que l’on a de savoir si l’horreur est loin de nous tout en réalisant qu’on risque de flipper encore plus si tel n’est pas le cas lorsque l’on se décidera à tourner la tête.

Nowhere to hide
Nowhere to hide
Mais c’est aussi sur le fond que ce volet joue la carte de la nouveauté. Silent Hill : Shattered Memories se présente comme un énorme flashback évoqué lors d’une séquence de psychanalyse où le joueur doit s’investir au cours de divers tests de personnalité qui auront de réelles répercutions sur la progression de l’histoire et son dénouement. Loin d’être un gadget cette idée de gameplay non seulement fonctionne à merveille, réussissant à nous impliquer un peu plus profondément au sein d’un cauchemar éveillé taillé « sur mesure », mais constitue également la pierre angulaire d’une structure narrative impeccablement huilée. Et c’est bien là ce qui semble être la force de ce Silent Hill nouveau, la capacité à tisser l’angoisse avec le canevas de nos terreurs les plus primaires, certes d’une façon différente de ce que la série proposait jusqu’ici mais tout en renouant avec ce qui faisait son efficacité première : sa sincérité à vouloir nous mettre vraiment les miquettes.

Les fans peuvent donc patienter l’esprit serein jusqu’à la sortie du jeu, quant à nous rendez vous est pris dans un mois pour un test définitif de ce qui s’annonce comme un petit bijou de paranoïa vidéo-ludique.