5.5/10Splatterhouse - Test

/ Critique - écrit par Ric_Pantera, le 27/12/2010
Notre verdict : 5.5/10 - Pif, Paf, Splatch (bis repetita) (Fiche technique)

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Il ne fait pas bon se balader dans un vieux manoir la nuit, tout le monde sait ça. Tout le monde sauf Rick Taylor, le héros de Splatterhouse qui se retrouvera plongé dans une bien sordide histoire, tout ça parce qu'il n'a jamais regardé de films d'horreur. Attention, âmes sensibles s'abstenir.

C'est en 1988 que sortit dans les salles d'arcade un titre qui allait précipiter les joueurs au plus profond des abysses du gore et du malsain. Ce jeu se nommait Splatterhouse (comprenez «la maison de l'éclaboussure»), un beat'em all des plus violents pour l'époque. En ce temps-là les jeux dérangeants n'étaient pas légion et on était encore à plusieurs années de voir s'affirmer le genre survival-horror avec l'arrivée d'un certain Alone in the Dark. Cette borne rencontra un franc succès grâce à son ambiance glauque et à sa violence débridée, et ce malgré ses quelques défauts. Splatterhouse narrait les aventures de Rick Taylor, jeune étudiant parti secourir sa compagne enlevée par l'horrible docteur West (petite référence à Re-animator peut-être ?), et il se voyait doté de pouvoirs surnaturels après avoir revêtu un étrange masque.
Vingt-deux ans plus tard Splatterhouse revient hanter nos cauchemars dans un reboot comme c'est la grande mode en ce moment.

Si je n'ai pas détaillé le scénario de la version 88 de Splatterhouse dans l'introduction de cet article c'est parce-que cette nouvelle mouture le reprend à la virgule près. Vous incarnez donc Rick Taylor, étudiant sans histoire bien qu'un peu timoré. Vous accompagnez Jennifer, votre fiancée, qui a été invitée à passer au No comment
No comment
manoir d'un de ses professeurs, le docteur West. Mais ce voyage qui ne devait être qu'une étape sur la route des vacances pour nos deux tourtereaux va bien vite prendre une tournure sordide. Le jeu débute alors que vous gisez, boyaux à l'air, dans une mare de votre propre sang. Tout semble perdu pour notre héros mais une voix semblant venir d'outre tombe le sort de sa torpeur. Un masque s'adresse à lui par télépathie et lui promet de l'aider à retrouver Jen; tout ce qu'il a à faire c'est de le porter. Le masque tient sa promesse de guérir Rick mais le transforme également en monstre, sorte de parodie de catcheur au muscles sur-développés. Voilà, l'histoire est posée, mais ne vous attendez pas à des retournements de situation haletants, le scénario ne tenant qu'un rôle secondaire dans ce jeu.

J'aime me battre. (© H. B. De La Bath)

Comme dans beaucoup de beat'em all, le scénario n'est effectivement pas l'aspect le plus marquant du jeu et de toute façon ce n'est pas pour ça qu'on est là.
Si on est là c'est pour le sang, la chique et la tripaille. Sur ce point vous ne serez pas déçus, Rick n'est pas venu pour beurrer des sandwichs et ça se voit.
Les combats font montre d'une extrême violence pour le plus grand plaisir des fans de la première heure.
La maniabilité est classique : coups forts, coups faibles, esquive et projections, on est en terrain connu. Vous aurez également à disposition une barre de Nécro se chargeant grâce au sang de vos ennemis. Plus vous tapez et plus vous tapez fort, plus votre barre se remplira vite. Divisée en plusieurs sections, elle vous permettra Des finishers qui claques.
Des finishes qui claques.
de déclencher différents pouvoirs (attaque de zone, rechargement de vie...), chaque utilisation consommant un tronçon. Une fois remplie au max vous pourrez passer en mode Berserk : vous serez virtuellement invincible et la puissance de toutes vos attaques sera décuplée pendant un laps de temps limité. Les combos s'obtiennent en alternant les deux boutons d'attaque. Limitée au début, la palette de coups s'enrichit au fur et à mesure de l'aventure mais reste au final plutôt limitée. On est à mille lieux d'un jeu comme Bayonetta et ses combos à gogo malgré la possibilité d'utiliser différentes armes (planche à clous, tuyau, fusil à pompe, bras arraché...). Malgré tout l'impact des tornioles distribuées par Rick est très bien rendu, une vrai brutalité se dégage de l'ensemble et on prend un malin plaisir à voir ses poings s'écraser sur les crânes des pauvres ennemis qui oseraient se mettre sur notre chemin. Cette brutalité est bien sûr renforcée par les hectolitres d'hémoglobine déversés à l'écran et la possibilité d'achever ses adversaires par des finish moves extrêmement violents. Ceux-ci vous demanderont d'effectuer de petits QTE et risque bien de tirer des grimaces de dégoût aux plus blasés des amateurs de gore. S'ils sont très efficaces dans leur exécution, ces finishes sont malheureusement trop peu variés, un ou deux par type d'adversaire, pas plus.
Les ennemis ne sont d'ailleurs pas un exemple de diversité. Ils ne sont composés que de quelques variations sur quatre ou cinq modèles différents et on en fait le tour avant la moitié du jeu. Ce manque de variété constitue l'un des plus gros défaut du titre. Les combats s'enchaînent mais on a du mal à les différencier les un des autres, et la monotonie s'installe assez rapidement. Et quand on sait que les combats représentent plus de 95% du jeu, ça fait un peu peur. Même problème concernant les boss fights; si le design de certains est assez réussi leurs patterns sont souvent redondants et recyclés d'un combats à l'autre. Dommage.

Fan service

Techniquement Splatterhouse est inégal, oscillant sans cesse entre acceptable et franchement moche. Les environnements bénéficient d'une bonne ambiance, malsaine à souhait, mais sont souvent vides. Les textures ne sont pas des plus fines et l'effet "pseudo cell-shader cache misère" n'arrange pas vraiment les choses. Le jeu souffre de nombreux ralentissements, et ce même si il n'y a quasiment rien à l'écran, chose d'autant plus inacceptable que les temps de chargement sont fréquents et interminables.
Le level design pourrait rattraper le coup me direz vous. Que nenni ! Vous Les combats contre les boss sont souvant soporifique
Les combats contre les boss sont souvent soporifiques
promènerez dans un enchaînement de couloirs et d'arènes fermées. Pas d'embranchements, pas d'originalité, pas grand-chose à sauver. Le jeu d'origine était peut-être un beat'em all en 2D mais les développeurs auraient pu faire un effort pour proposer une expérience un tant soit peu novatrice. Le titre essaye d'ailleurs de gagner les fans à sa cause avec des séquences « hommage» à son illustre ancêtre : la vue passe en scrolling horizontal à l'ancienne mais ces phases sont plombées par des sauts trop approximatifs et deviennent au final plus frustrantes qu'autre chose.
Tout n'est pas négatif pour autant. Un humour second degré est omniprésent,  surtout via les dialogues, le masque passant son temps à envoyer à Rick des piques plus savoureuses les unes que les autres («For a dick you're such a pussy» lui assène-t-il après que Rick ai perdu un bras). La bande son est bien travaillée, alternant musique d'ambiance inquiétante et Métal bourrin lors des combats. Le challenge proposé est déjà bien relevé en mode normal. L'aventure Old school
Old school
vous occupera une bonne dizaine d'heures et bien plus dans les modes de difficultés supérieurs. Des arènes de survie sont également disponibles pour les plus acharnés d'entre vous. Le jeu propose une pseudo rejouabilité avec des morceaux de photos coquines de Jen «cachées» dans les niveaux, des enregistrements du docteur West à découvrir et des bonus à débloquer tel que les trois Splatterhouse originaux.

Splatterhouse ne restera vraisemblablement pas dans les mémoires, la faute à un développement chaotique avec abandon de projet entraînant des changements d'éditeurs. Cette gestation bâclée a donné naissance à un jeu bancal et mal dégrossi, ce qui est bien dommage car Splatterhouse avait du potentiel avec son héros charismatique, ses combats bien rythmés, son ambiance glauque et son gore à donner la nausée à un boucher.
Ce soft reste tout de même un bon gros défouloir, très agréable après une rude journée de boulot et pourra plaire aux fans de bourrinage décomplexé. En occaz en tout cas.