7/10Styx : Master of Shadows - Caractère de Gobelin

/ Critique - écrit par Guillom, le 24/11/2014
Notre verdict : 7/10 - Be green (Fiche technique)

Tags : styx master shadows gobelin jeux infiltration steam

Alors que le monde entier ne jure que par Shadow of Mordor, l’APPV (Association de Protection des Peaux Vertes) a décidé de boycotter ce jeu aux accents génocidaires… Car l’alternative existe : avec Styx : Master of Shadows, retrouvons le plaisir de dézinguer des humains, en toute discrétion.

Vous vous rappelez de Of Orcs and Men ? De ses protagonistes, ses méchants, son scénario ? Vous vous rappelez surtout de son gameplay, non ? Cyanide a décidé de reprendre tout depuis le début et de tirer les enseignements de ses erreurs. Revoilà Styx ! Non, pas l’extraterrestre bleu… Notre Styx jouait les sidekicks en compagnie de l’Orc Arkaïl. Ça y est, ça vous revient ?

Le studio a bien entendu revu sa copie. On abandonne le RPG/hack’n slash symbolisé par ce gros bœuf d’Orc pour nous focaliser exclusivement sur le discret et roublard Styx. Le Gobelin millénaire, premier de sa race, revient donc dans un jeu d’infiltration. Il n’est plus question d’assassiner l’empereur, mais de mettre la main sur le Cœur de l’Arbre-Monde et d’en apprendre plus sur les origines de Styx.

Le Vert est dans la pomme

Et là, vous ne comprenez certainement plus rien… L’aventure se déroule dans le même univers que Of Orcs and Men, mais il s’agit d’un prélude. Il n’est pas nécessaire d’avoir jouer au précédent jeu pour comprendre l’intrigue de Styx : Master of Shadows, même si certains éléments y font directement référence. Dans cette prequel, Styx a pris une sévère cuite et se réveille dans la Tour d’Akenash. Il faut dire que le Gobelin est accro à l’Ambre et entend des voix dans sa tête… Par le plus grand des hasards, cette immense forteresse renferme l’Arbre-Monde (James Cameron, sors de ce jeu !), jalousement gardé par les Hommes et les Elfes. Ledit résineux produit l’Ambre, une précieuse substance qui dote ceux qui la consomment de pouvoirs extraordinaires et d’une bonne gueule de bois.

Styx : Master of Shadows - Caractère de Gobelin

Vous l’aurez compris, l’objectif de Styx est de s’emparer du Cœur de l’arbre, même s’il ne sait pas trop pourquoi… Sauf bien sûr son immense soif de richesse. Et le voici parti dans son attention de la redoutable Tour d’Akenash… Pas mal pour un Gob vieux de 2000 ans, mais garanti sans rouille.

Contrairement aux contrôles de ce jeu ! Sacré nom de Gabe, les commandes ont clairement été designées pou une manette… Y jouer à la souris et au clavier relève du parcours d’obstacles, la caméra s’avérant difficilement manœuvrable. Pad en main, Styx devient enfin jouable, mais ma dignité de pécéiste convaincu a pris un sérieux coup. C’est sans oublier un détail qui fait mal… Styx est un bon grimpeur, il escalade les murs sans difficulté, bondit de toit en toit, s’accroche aux corniches les plus abruptes…

La Tour Akenash infernale

Et là, problème, il est de passer un angle sans avoir à remonter sur le parapet, quitte à être exposé à la vue de tous les gardes de cette fichue forteresse. On pensait pourtant la leçon acquise depuis Tomb Raider… S’il ne s’inspire visiblement pas de Lara Croft, Styx : Master of Shadow emprunte néanmoins de nombreux éléments de gameplay aux grands titres du genre infiltration, tels que la vision d’aigle d’Assassin’s Creed, l’extinction de torche à distance (avec du sable et un peu de salive de gobelin) de Thief, ou encore l’indicateur lumineux de Splinter Cell*. Pourtant, le jeu de Cyanide n’est en rien une pâle copie de ce qui se fait déjà.

Pour une fois, nous ne jouons pas un beau brun taciturne d’1m90, mais un gobelin vert, à peine un mètre au garrot, et chauve de surcroît. Cette caractéristique (pas sa capillarité, mais sa taille et sa relative faiblesse) a un impact ô combien important sur le gameplay, et notamment sur le système de combat. Si la grande majorité des jeux d’infiltration permettent une approche « bourrin », Styx interdit le passage en force. Vous n’aurez le choix que de parer ou d’’esquiver les coups selon un timing ultra-serré, et parfois de les rendre, mais c’est assez rare. Dans Styx, affrontement direct rime avec décès. La ruse et la furtivité seront vos seules armes (enfin, vous aurez aussi une dague et quelques autres atouts mortels)… Soyez discret ou mourrez !

Styx : Master of Shadows - Caractère de Gobelin

Mais Styx : Master of Shadows offre une grande liberté quant aux manières d’aborder chaque situation. On sent bien que les développeurs se sont lâchés sur le level design. La Tour d’Akenash, toute en verticalité, est un formidable terrain de jeu ouvert pour notre petit ami à peau verte. Une place de choix est laissée à l’analyse de l’environnement, afin de trouver le meilleur moyen de venir à bout d’un obstacle. Styx se terre dans les trappes, cache les corps dans les placards, utilise les tapis pour dissimuler le bruit de sa chute… La Tour semble faite pour permettre à l’assassin que vous êtes de mener à bien vos méfaits.

Il a les yeux revolvert

Il faut dire que l’IA vous simplifie la tâche. Trop prévisible, elle suivra constamment les mêmes chemins, avec parfois des incohérences. Eteindre une torche à distance devant un garde ne suscitera qu’un haussement d’épaules de sa part… Et il est paresseux le péon !  les troufions ne persévèrent pas à vous rechercher, même si vous laissez une traînée de cadavres derrière vous. C’est bien tout le problème des jeu d’infiltration : un travail de dosage de l’intelligence, afin qu’elle puisse réagir à vos actions, sans être trop sensible. Là, c’est un raté. Pire encore, le moteur physique est à la traîne. Il peine à gérer correctement les collisions avec les divers éléments du décor. Bilan, les chaises, les seaux et les balais vous craignent, et fuient à votre approche, en virevoltant dans toute la pièce. Le tout, évidemment, dans un vacarme qui attirera tous les gardes de la zone, désireux de vous coller une raclée. Et si les ennemis de base ne devraient pas vous poser problème, certains adversaires vont vous en faire baver. Bestioles grouillantes, soldats en armure et surtout ces satanés Elfes vous pousseront à revoir votre stratégie.


Heureusement, Styx dispose d’un arsenal fourni et de compétences adaptées. On le sait, il est un alpiniste chevronné et sa petite taille lui permet de se faufiler discrètement derrière un ennemi afin de lui trancher la gorge. Notre ami Gobelin sait aussi siffler pour attirer les gardes ou encore crocheter les serrures (sans minijeu chiant et répétitif… Merci Cyanide). L’Ambre fera ici office de mana, vous donnant accès à trois capacités. Outre la « Vision d’ambre », équivalent de la vision d’aigle, et l’aptitude à devenir invisible, on retiendra surtout la compétence de clonage. Car Styx peut (littéralement) vomir un copain gobelin. Lequel se chargera des basses besognes, telles qu’agripper un garde ou traverser une grille. C’est complet et je ne vois pas ce que les développeurs auraient pu ajouter de plus à cette partie du gameplay**.

Par contre, il aurait pu ajouter un peu plus de variétés dans les missions. Le scénario est alambiqué, mais captivant… Ce n’est pas le cas des quêtes. Oh, vous aurez bien sûr à assassiner un quelconque PNJ, à voler des plans ou à dénicher une clé, mais pour cela, vous devrez vous rendre d’un point à un autre sans vous faire tuer… A chaque fois ! ça en devient rapidement répétitif et lassant. En outre, le moteur graphique semble aussi âgé que son pendant physique : les textures piquent les yeux à l’heure de la next gen et de l’ultraréalisme. Il faut toutefois préciser que la patte artistique est indéniable et que je suis impatient de voir si Focus commercialisera une version collector afin de profiter des artworks tant ceux-ci doivent être magnifique. 


Alors, à la lecture de cette critique, vous ne voyez plus de Styx : Master of Shadows que ses défauts ? Vous auriez tort ! Ce jeu est un très bon titre. De la pure infiltration, un univers marquant et ouvert, un personnage attachant, une aventure originale… ce n’est pas dans Assassin’s Creed qu’on verra ça ! La plus grande imperfection de « Styx », c’est d’être « trop » complet. En effet, à avoir excessivement voulu faire oublier les mécanismes de jeu de Of Orcs and Men, les développeurs de Cyanide semblent avoir complètement oublié les détails techniques. Moteur physique, graphisme et IA sont pourtant des éléments aussi indispensables que le gameplay d’un jeu. Mais ce serait une erreur que de bouder Styx : Master of Shadows pour cette unique raison… Et puis, vous reprendrez bien un peu de steak d’Elfe !

Ah oui, et un brin de vidéo aussi, avec le Let's Play de Benzaie (que vous pourrez retrouver en interview par ici)

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* Si je comprends bien, dès qu’un personnage est dissimulé dans l’obscurité, il se met à briller au moins autant qu’une lampe à arc… Tout ça pour signaler qu’il est dans le noir et que les méchants ne sont pas censés le voir, c’est bien ça ?

** Ah si, la possibilité de crafter son propre équipement ! Car, par-dessus tout, j’aime le craft…