The Council - Quand les Français se mettent aux scénarios alternatifs

/ Actualité - écrit par Islara, le 18/02/2018

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Meilleure surprise du salon Focus Home : j’ai nommé The Council, jeu d’aventure édité en cinq épisodes et construit sous la forme de scénarios alternatifs à grande échelle. Présenté d’abord sur une séquence de 25 minutes de jeu, il était ensuite disponible en session hands on.

Le studio Big Bad Wolf travaille depuis maintenant 4 années sur le jeu, dont le premier épisode sortira dès le 6 mars prochain. Les épisodes suivants sortiront ensuite à un rythme bi-mensuel. Questionné sur le choix de ce délai tout de même un peu long, Sylvain Séchi a expliqué que celui-ci avait deux utilités. D’une, il sert à étudier les retours de la communauté de jeu afin de peaufiner les épisodes suivants, ce qui se tient ; de deux, il permettrait aussi de laisser le temps aux joueurs-euses de savourer tout le potentiel des scénarios alternatifs de chaque épisode, ce qui est en effet assez judicieux. Deux mois, ça paraît quand même un peu long. On l’a vécu sur The Walking Dead : A New Frontier et Life is Strange : Before The Storm, au bout de deux mois, on passe à autre chose.

Néanmoins, la question reste posée, car ce sont des scènes entières, des parties complètes des différentes intrigues qui seront ou non au rendez-vous selon les choix que nous ferons. Leurs conséquences seront véritablement majeures et il n’y aura jamais de game over : si on rate quelque chose, peu importe, nous continuons avec ses conséquences. Pour chaque épisode, il y aura ainsi plusieurs fins, ce qui est en soi unique par rapport aux jeux que je viens de citer. Et pour le jeu lui-même, il y aura alors encore plus de fins différentes. À la question de savoir si les joueurs auront une carte des différentes branches de choix, Sylvain a répondu qu’ils en avaient une au studio, et qu’elle ressemblait plus à une toile d’araignée qu’à une carte... De ce point de vue, à notre sens, le travail du studio Big Bad Wolf se rapproche ainsi plus de ce que furent les Zero Escape qu’aux jeux Telltale Games ou LiS.

The Council - Quand les Français se mettent aux scénarios alternatifs
Continuer avec ses échecs et ses regrets.

The Council sera-t-il pour autant dotée d’une réelle rejouabilité nous poussant à explorer toutes les variantes ? Cela dépendra de savoir si l’on pourra prendre la mesure de ce que nous avons manqué et de la curiosité que le jeu saura susciter. En tout cas, on nous a confirmé qu’une fois le jeu fini, un système de chapitrage permettra de reprendre en cours d’épisode sans être obligé de tout recommencer. Pour autant, on ne s’attend pas à la durée de vie des Zero Escape, qui, eux, avaient été suffisamment malins pour nous obliger à jouer toutes les variantes pour avoir accès à l’ultime fin du jeu...

The Council se démarque néanmoins par une originalité qui lui est propre. Au delà d’une intrigue soignée, au-delà des différents choix de dialogues ou d’actions, il y a un système de trois classes - occultisme, diplomatie, détective - avec cinq compétences dans chaque classe, et des points d’effort en guise de PX. Cela ressemble bien sûr à ce que l’on voit en jeu de rôle. Ce choix de classe intervient dès le départ, après la première scène d’introduction, et il influera ainsi immédiatement la tournure de l’aventure. Car seules certaines compétences seront alors accessibles, et donc certaines actions possibles et d'autres impossibles. Le système est atténué par le fait qu’on pourra quand même dépenser des points pour développer des compétences hors classe, mais cela coûtera alors plus cher… De fait, on ne pourra donc pas s’amuser à trop dépenser hors de sa classe.

Si l’on est assez enthousiasmé par ce mélange des genres et les mécaniques complexes mises en place, le travail graphique a beaucoup moins convaincu, notamment sur les traits trop figés des personnages et l’étrange impression qu’ils seraient des mannequins de cire et non des êtres de chair. Autre déception maintenant presque classique, vous n'aurez pas les voix en français, uniquement les sous-titres. Quand les studios américains ou japonais ne prennent pas cette peine, on peut comprendre, quand il s'agit de studios et éditeurs français, on comprend moins.  

The Council - Quand les Français se mettent aux scénarios alternatifs
Selon sa classe et ses compétences, cette scène se dénouera de 5 façons différentes ; selon nos choix, elle n'existera peut-être même pas.

Côté expérience de jeu, on aura d’abord beaucoup de dialogues, et une accumulation de mystères à dévoiler. L’action ne sera pas pour autant absente, du moins à visionner, car les combats se résoudront automatiquement selon nos caractéristiques. Le menu sera également assez fouillé sur les différents personnages et le résumé de l’intrigue : inventaire, journal, carte, fiches de personnages, talents, traits. Quant à l’histoire elle-même, elle se déroulera sur la fin du XVIIIème siècle, en 1793. Nous y incarnons un certain Louis de Richet, membre d’une société secrète, invité par Lord Mortimer sur une île britannique. Nous y croiserons deux personnages emblématiques : Napoléon et George Washington. Bref, il y aura de la magouille et manipulation politique de haut vol dans l’air et, nous, au milieu du nœud de vipère, à la recherche de notre mère, entre autres.

Les jeux alternatifs ont décidément le vent en poupe. On ne peut que saluer les Français de Big Bad Wolf d’avoir pris le risque de se lancer dans cette voie, juste après les Espagnols de Deconstructeam et leur étonnant The Red Strings Club. Car avoir le sentiment de vivre une aventure unique, construite en partie par nous, découvrir une aventure à notre image, sans le moindre jugement de valeur, et finir par s'identifier presque complètement au héros ou à l'héroïne, est une expérience magique.